Penser local, agir global

Un billet d’Alex Bushell, directeur, analyse stratégique et politiques, CANARIE 

« Penser global, agir local ». Nous sommes nombreux à connaître cette formule voulant que, pour que quelque chose change, il faut commencer dans sa cour, qu’il s’agisse de ramasser les détritus dans un parc, de s’approvisionner chez le marchand du quartier ou de se porter bénévole dans une œuvre de bienfaisance locale.  

Le Réseau mondial de la recherche et de l’éducation (RMRE) a mis l’inverse en pratique. Réseau de réseaux, le RMRE connecte les chercheurs et les étudiants du monde entier, et CANARIE œuvre en étroite collaboration avec lui, ce qui a des répercussions tangibles sur les campus du Canada entier. 

Les données voyagent 

En s’engageant dans des activités internationales, CANARIE souhaitait d’abord forger un lien solide avec d’autres partenaires du RMRE afin que les chercheurs canadiens aient accès aux données et puissent collaborer avec leurs homologues de la planète aisément. Depuis que la recherche a pris une ampleur internationale cependant, cette connectivité mondiale a donné lieu à de véritables percées dans toutes les disciplines, autant celles qui, comme l’astronomie et la physique des hautes énergies, font grand usage de l’infrastructure de recherche numérique, que celles où l’on dévore moins de mégadonnées, tels les arts et les lettres. 

Le saviez-vous? Plus de 40 % du trafic sur le réseau de CANARIE vient de l’étranger. 

Le Canada est aussi le foyer d’un des principaux carrefours mondiaux de la recherche et de l’éducation, à Montréal : MOXY n’aurait jamais vu le jour sans l’alliance conclue entre CANARIE et les réseaux similaires d’Europe et des États-Unis. Grâce à ce carrefour, nos chercheurs transmettent directement leurs données de l’autre côté de l’Atlantique. 

On partage entre amis 

Puisque la recherche nécessite des jeux de données de plus en plus volumineux dans tous les domaines, atteindre une largeur de bande suffisante sans que son coût ne devienne exorbitant semble une tâche titanesque. Heureusement, avec le projet Advanced North Atlantic (ANA), CANARIE et les organisations qui lui font pendant aux États-Unis et en Europe ont réussi à établir et à partager plus de connexions transatlantiques qu’elles n’auraient pu le faire chacune de leur côté. Depuis 2013, le projet ANA a connu maints changements visant à faciliter la transmission d’un volume important de données en provenance ou à destination des instruments, des institutions et des chercheurs sur les deux rives de l’océan. 

C’est ce projet qui a servi de modèle au partenariat du RMRE, et d’autres projets l’imitent désormais ailleurs dans le monde. Quand on s’associe, les investissements fructifient davantage et l’accès à de nombreux réseaux câblés dans le monde devient possible (en cas de panne), de sorte que les chercheurs canadiens jouissent d’une meilleure connectivité. 

Quand la redondance a du bon…  

Si la redondance s’accompagne souvent d’une connotation négative, tel n’est pas le cas en réseautique! En effet, pour un réseau, la redondance signifie aménager diverses routes afin que la communication ne soit pas rompue advenant le cas où une ou plusieurs voies seraient coupées. Pour un réseau, la redondance va souvent de pair avec la résilience, c’est-à-dire la capacité de poursuivre ou de reprendre les activités normales quand survient un problème. La redondance devient alors un outil capital qui rendra le réseau plus résilient. 

Bien que le réseau CANARIE dispose de ses propres liaisons redondantes, les partenariats internationaux en accroissent encore plus la fiabilité pour le milieu canadien de la recherche et de l’éducation. Durant l’été 2021, de graves inondations et glissements de terrain ont coupé Vancouver et d’autres parties de la C.-B. du reste du RNRE canadien et ce, malgré les trois raccordements existants! Par chance, notre association avec Internet2, aux É.-U., nous a permis d’établir rapidement une voie de secours temporaire afin que le trafic continue de circuler via notre voisin du sud. Sans l’aide de nos collègues d’Internet2, des semaines se seraient écoulées avant qu’on se remette d’une telle panne et que le contact soit rétabli avec les chercheurs et les éducateurs isolés, qui comptaient sur le RNRE pour accomplir leur travail. L’amitié n’a pas de prix! 

Je suis qui je suis partout où je suis 

Les institutions canadiennes profitent des relations que CANARIE entretient avec l’étranger de nombreuses manières, outre une connexion ultrarapide. Ainsi, les chercheurs et les étudiants du pays bénéficient d’eduroam et de la gestion fédérée des identités (GFI), deux services d’identification qui trouvent leur véritable utilité dans un déploiement mondial. Avec eduroam, les étudiants et les membres du corps professoral se connectent aisément au réseau sans fil des campus et des sites participants, au Canada et dans une centaine d’autres pays. De son côté, la GFI permet aux chercheurs et aux étudiants canadiens d’utiliser l’identifiant que leur institution leur a attribué pour se connecter en toute sécurité à plus de 2 900 services, ressources et installations scientifiques, partout sur le globe. L’interconnexion avec eduGAIN, regroupement mondial de fédérations d’identités, est ce qui rend pareille chose possible. 

Le fonctionnement et l’évolution de ces services dans le monde ne sont réalisables qu’en raison de la participation internationale d’organisations qui, comme CANARIE, exploitent les fédérations d’identités. Sans cela, les Canadiens ne pourraient disposer de nouvelles fonctionnalités comme le service Accès des visiteurs à eduroam (eVA), d’abord élaboré et déployé par un des partenaires de CANARIE, à l’étranger.  

La sécurité des grands nombres 

Le cybercrime est l’une des grandes préoccupations actuelles dans le monde, mais avec une population aussi mobile que la sienne, l’usage des appareils personnels pour politique, ses programmes de partenariat et des systèmes IT publics, le milieu de la recherche et de l’éducation éprouve des difficultés particulières quand vient le temps de protéger les utilisateurs.  

Même si ces difficultés lui sont propres, elles ne sont pas uniques au Canada. En tirant parti des liens qu’il a tissés avec les autres réseaux de la recherche et de l’éducation de la planète, CANARIE a permis à ses propres services d’évoluer. L’an dernier, par exemple, le RNRE a partagé ses connaissances sur les cybermenaces avec d’autres organisations pertinentes du Canada, des États-Unis, d’Australie et du Royaume-Uni afin de prévenir et de combattre les cyberattaques contre le milieu de la recherche et de l’éducation, ce qui illustre bien comment l’union fait la force en cybersécurité. 

La recherche sur la pandémie de COVID-19 pourrait avoir montré à ceux qui ne font pas partie du secteur de la recherche et de l’éducation la nature réellement internationale de la découverte en science. Pourtant, il n’y a là rien de nouveau. En effet, selon une analyse du périodique Nature, près du quart des articles scientifiques publiés en 2020 émanaient de collaborations internationales, soit environ dix points de pourcentage de plus qu’en 2000. Or, les collaborations de ce genre en recherche seraient irréalisables sans les connexions internationales, presque invisibles, qui relient les réseaux au RMRE. C’est pourquoi quand il envisage d’aider la recherche et l’éducation sur votre campus, CANARIE dispense un service local en agissant globalement.